L'université ... certainement les pires années de ma vie. Heureusement, je n'y suis resté que trois ans, émotionnellement pour moi, c'était impossible de tenir plus longtemps de toute façon. A l'époque, je voyais ça comme une corvée. Cotoyer des gens qui ne veulent même pas entendre parler de moi, risquer de me faire racketter sur mon propre lieu d'étude et puis travailler, travailler, travailler ... Mais maintenant, hors de question de ne pas profiter de cette période dans ma vie, après tout, on a vingt ans qu'une fois ... Enfin ... Vous m'avez compris.

Cire dans les cheveux, chemise noire un peu ouverte et pantalon blanc, je viens de sortir de chez moi ( entendez par là le 9m² qui me sert de chambre/cuisine/salle de bain ) et je m'apprête encore à passer la nuit à l'extérieur. Je traverse donc la fac, étant donné que je vis sur le campus. A cette heure ci les cours sont finis depuis longtemps, même si une poignée d'élèves reste encore pour réviser ou faire des activités extra-scolaires. Je croise quelques rares personnes dans les couloirs, ah tiens, un visage familier.

Je le vois de loin, je le fixe avec un air un peu arrogant, l'air de dire : " Tu vois ce que je suis devenu ? ". Lui est exactement comme dans mes souvenirs, glacial, avec un regard qui vous fait détourner les yeux, enfin, qui me faisait détourner les yeux. Etrangement je l'ai toujours trouvé attirant, bien que je sois sûr d'être hétérosexuel. Mais il a comme une aura, on ne peut pas ne pas le voir. On ne peut pas le nier, il est beau. Et puis il a quelque chose de féminin d'assez plaisant, ses jambes toute en longueur, il est délicat dans ses gestes ... Mais ne vous y méprenez pas, je ne fais qu'énumérer lees faits, il est loin, très loin d'avoir ma sympathie. D'ailleurs que fait-il ici, à cette heure du soir ? La faculté est presque déserte, moi j'ai une bonne raison d'y être, mais toi Jin Hyun, que fais tu là ? Sûrement en train de racketter des premières années ... sans sa bande ?

Comme si le couloir n'était pas assez grand, il me rentre dedans. Immédiatemment je vois ça comme une provocation et démarre au quart de tour. Il n'y a pas vraiment de quoi s'énerver, mais à vrai dire, il va prendre pour toutes les choses méchantes qu'il a pu me dire ou faire. Je l'ai ma vengeance, il est seul. Je me retourne, le fixant, alors que lui continue à marcher, visiblement, m'avoir bousculé semble être le cadet de ses soucis. Je m'avance vers lui donc, pressant le pas pour le rattrapper, et une fois arrivé à sa hauteur, je tire sur son épaule pour qu'il me fasse face. Machoîre crispée, je le fixe sans ciller.

" C'est quoi ton problème c*nnard ? Tu sais pas dire pardon ? "

Je pense qu'à l'époque, j'aurais tout simplement fait semblant de rien et j'aurais tracé mon chemin, mais maintenant, hors de question de me laisser marcher sur les pieds. Toujours en le fixant, je pousse son épaule en arrière, le bousculant à mon tour. Je vous l'accorde ça va un peu loin, mais peut être que me battre avec lui réussira à effacer toute la rancoeur que j'ai accumulé durant toutes ses années. Car même si je ne le montrais pas, être la cible de toutes ces humiliations me blessaient, et c'est lui que je tenais pour principal responsable.

Enfin, je ne sais même pas s'il va me reconnaître. Avec cette teinture blonde, cette nouvelle coupe de cheveux et ces vêtements à la mode, je suis bien loin de ce que je pouvais ressembler à l'époque.