Il était 22:45 quand je fixais ma montre pour la première fois. Puis 22:47 la seconde. Une nouvelle fois ? D'accord, 22:50 la troisième. Cela faisait deux bonnes heures déjà que je tripotais mon poignet gauche. Regarder furtivement l'heure passer. Bien sûr, il y avait meilleur moyen de faire passer le temps, vous allez me dire, comme, regarder la télé, faire un petit tour, papoter avec des amis, ou tout simplement... essayer de dormir. Mais quand on s'appelle Jihyun', sachez que faire tout ça n'est pas possible. Regarder la télé, mis à part s'il y avait mes séries favorites ou un bon film ça allait mais vu ce qu'il y avait là, à ce moment là, heu, juste non merci, aller faire un petit tour, avec le froid qu'il faisait ? Papoter avec des amis, il aurai fallut peut être qu'ils soient encore debout ; et alors là, essayer de dormir... ce moment inévitable ne serai arrivé pour moi que dans au moins quatre...oh... quatre très longues heures. Épuisant d'avance. Si j'avais parié que je n'aurai eu qu'un coup de barre vers les deux heures et demie du mat', même en essayant de dormir, je suis sûr que je l'aurai gagné. Dans tous les cas, cette affreuse longue soirée est bien terminé. Nous voici aux aurores d'un Jeudi bien ensoleillée, ce qui est fort plaisant aux vues des jours précédant, et comme d'habitude, je n'ai toujours pas réviser mon foutu texte. Je pourrai même ajouter que comme d'habitude mon professeur aller me les briser avec ses morales à deux francs et arriverai une nouvelle fois à me tuer les tympans en me criant dans les oreilles. Certes je n'avais qu'à les apprendre bien correctement comme ça ce serai fait, mais que voulez-vous... J'aime bien faire tout ce remue-ménage au dernier moment. Je sais pas, c'est plus flippant. Oui je sais, c'est moi qui est flippant. Enfin bon. J'aurai bien aimé faire autre chose, mais j'avais rien d'autre à faire que regarder une nouvelle fois cette fichue montre. Dix heures moins le quart n'est-ce pas ? Juste le temps pour moi d'aller m'habiller, de me coiffer et de préparer mes affaires, après j'aurai parfaitement le temps de réviser dans les couloirs avec "les gens*". Dire qu'il y a deux heures de cours... Pfiou... Crevant! L'avantage, c'est qu'avec notre dernier cours on pourra sortir en avance pour manger plus tôt donc, ça c'est cool d'un côté...

« - Laissez-les donc tranquilles ! (Bérenger referme la fenêtre.) En quoi vous gênent-ils ? Vraiment, ils vous obsèdent. Ce n'est pas bien. Vous vous épuisez nerveusement. Vous avez eu un choc, c'est entendu ! N'en cherchez pas d'autres. Maintenant, tachez tout simplement de vous rétablir.

- De toute façon, ce n'est pas mortel. Il y a des maladies qui sont saines. Je suis convaincu qu'on en guérit si on veut. Ça leur passera, all... » J'étais vraiment à fond dans mon texte. Ça y a pas de toute. Me voilà, dans un simple couloir, pouvant être fréquenté par absolument tous les étudiants de KUA, en train de réciter cette étrange pièce européenne. Rhinocéros d'un certain Ionesco. Je devrai jouer Duchard, un personnage qui entame le même processus de transformation que Jean en rhinocéros, l'ami de Bérenger qui est entre autre le personnage central, mais bon, ça c'est pas vraiment important. Ce qui est vraiment important, c'est que je suis là, voilà, debout contre un mur, en train de m'agiter avec mes gestes de barges, et en plus en employant une voix plus qu'hautaine. Oui, ça doit le faire. J'imagine même pas à quel point je dois être ridicule, mais... je m'en fou en fait. Quand les autres travailleront pour moi huhu, ils oublieront vite la honte que j'avais sur mes épaules quelques années avant. Pour dire à quel point je dois pas être net à regarder, il y a cette fille là, grande, brune, cheveux détachés, tenant ses bouquins dans les bras, qui me fixe avec des yeux, comme des boulets de canon. Mais, alors ça tête, elle fait vraiment peur quoi... C'est quand même à cause d'elle que je m'étais interrompu dans ma super phrase. Bon en même temps, je me rend jamais compte des grimaces que je tire donc je dis pas...