J'ai cru entendre Alec dire quelque chose. Je me suis probablement trompée. Vous voyez, j'arrête de courir, je trouve la vie plus belle avec lui. Le pire du pire, c'est que je ne le connais même pas. Il pourrait être un meurtrier, un voleur, une mauvaise personne que ça me serait complètement égal ! Vous voyez, j'ai ... J'ai vécu des choses terribles. J'suis tombée de haut, j'ai vu ma moitié mourir sous mes yeux à cause de mes parents, j'ai été adopté, l'orphelinat était horrible, j'ai mordu la poussière, j'ai cessé d'aimer, j'ai du faire des adieux, j'ai frôlé la mort. Mais étrangement être avec Alec, parler, ne pas parler, mais juste être avec lui, c'est rassurant. J'ai toujours été distante vis-à-vis du monde. Beverly m'a quelque peu changé. Dakota m'a donné un peu plus confiance en moi-même. Et Alec a simplement été présent pour moi. Alec, Angélika et bien d'autres personnes. Mais c'est probablement lui pendant une certaine période qui a du me supporter. Les mots sont faibles vous savez ? Parce que j'en suis quasi-sûre, sans lui, je ne marcherais probablement pas aussi droit. Certaines personnes diront que la perfection n'existe pas. Mais lui, c'est ma perfection. C'est la meilleure chose qui soit arrivée dans ma vie cette année. Je suis sûre que vous trouverez une personne comme ça. Au moins une fois dans votre vie. Vous avez simplement pas envie qu'elle parte. Et parfois, vous vous dîtes que ennuyante comme vous êtes, il ne vaut mieux pas se faire d'illusions. J'ai peur de le voir partir. Parce que je ne veux pas souffrir. Parce que je ne veux plus souffrir. Parce que j'ai besoin de nous. Je pourrais passer pour la plus grande des idiotes -si ce n'est déjà fait- mais je crois que je m'accroche parce que j'ai pris confiance en lui. Parfois, il m'arrive de faire des rêves étranges ; j'ai une conversation avec ma mère qui a finit en taule. Une conversation qui ne se finit pas parce que je me réveille à chaque fois. Je lui demande ce qu'elle aurait fait à ma place. Si elle ne s'était pas mariée par arrangement. Si elle devait recommencer sa vie. Elle est derrière les barreaux se la prison dans ce rêve qui s'avère être plutôt un cauchemars. Alors je me réveille à chaque fois en pleur et sort un moment du dortoir pour ne pas déranger Angélika. Je crois bien que je ne peux parler de tout ça à personne sinon Angélika. Mais ces temps-ci on ne se voit presque pas, pour ne pas dire "pas du tout". Alors, ... Alors Juliett est totalement perdue.


Pour en revenir à la gaffe du mois, parce qu'il fallait bien qu'elle arrive, c'est en un mot ; éternuement. Je pensais pouvoir tenir tête au temps qui semble s'être un peu refroidi entre temps. Mais non, cette robe rose pâle n'aide pas vraiment. Éternuement qui trahit mes paroles crédibles. Ou presque. Je ne manque pas de détourner mon regard du sien. Moques-toi donc de moi, je pense que si j'en avais la possibilité, je le ferai. Mais non, ce n'est pas ce qui suit. La veste que quelques minutes auparavant il portait, il la pose sur mes épaules. Je le regarde faire, ouvrant la bouche pour lui dire qu'il risquait d'attraper froid lui aussi. Mais il parle plus vite que moi. Ses paroles me font légèrement rire, je ne sens plus mes joues me brûlées comme si je les avait mit sur une plaque chauffante en marche. Quoi de plus ravissant qu'une veste dans laquelle on pourrait presque nager ? Mais pour moi, ce sera toujours mieux qu'une robe rose pâle pas foutue de tenir chaud. Et puis je l'aime bien sa veste trop grande pour moi.


Et vous savez, lorsqu'il passe une brève main comme ça, sans prévenir, je ne peux pas m'empêcher de légèrement sursauter. Parce que je le sens bien, mon coeur qui tremble. Le vent souffle et limite un peu plus fort et je tombais. Sa main attrape la mienne avant qu'il ne s'assoie et que je suive le mouvement. Il passe un certain moment à contempler le ciel avant de briser le silence que pour cette fois, j'étais incapable de briser. Sa question me fais sourire. Je me met à regarder le ciel moi aussi, toutes ces étoiles ... De ma main libre, mon pouce et mon index se frôlent tandis que je réponds à sa remarque.


Juliett - Tu vois, je pense qu'on est plus petits que les étoiles. On est des petits grains de sable dans un grand bac. Notre présence compte pas vraiment pour certains, parce que ce serait qu'un petit grain de sable qui viendrait à disparaître, pas un tas. Tu vois, j'suis quasi-sûre que si je venais à disparaître du jour au lendemain par exemple, le monde resterait plein comme un oeuf. Et c'est effrayant de manquer à personne. Mais on est là, c'est tout. On s'attache à d'autres grains de sable, on s'entend pas, on s'en fout ou on se croise sans se connaître. Ouais, on est des petits grains de sable... Ce que je dis peut te paraître stupide ou incompréhensible ; œuf, sable.. -et j'suis même pas bourrée en plus, magnifique- ... Mais j'ai toujours vu les choses comme ça.


Sa main réchauffe la mienne. Je crois que c'est une des choses qui travaille mon cerveau en même temps que je réfléchis. Et lorsque j'arrive à sentir mes mains qui semblaient paralysées, anesthésiées, la mienne se serre légèrement dans la sienne.


Juliett - Mais tu vois Ethan, je pense que t'auras jamais affaire à ce genre de problèmes. Y'a plein de gens autour de toi qui t'aiment.


Dont Juliett Aaron. Hm ? Vous trouvez ça étrange que je l'appelle Ethan alors que dans ma tête, je l'appelle Alec ? Je crois que son deuxième prénom n'est presque jamais utilisé. Et je ne l'appelle pas comme ça pour cette raison ; changer du reste du monde. Je pense que j'aime bien ce prénom. Il ne symbolise rien de particulier, mais je l'aime bien. Réalisant une certaine erreur dans un léger sursaut. Je relève la tête vers lui en rectifiant

Juliett - Mais j'pense que c'est une bonne chose d'être aimé par beaucoup de personne, hm ! J'ai jamais vécu ce genre de choses donc, je ne peux qu'imaginer. Et je vois ça assez positivement d'être aimé...


Juliett Aaron, tu parles définitivement trop. S'est-il endormi ? Probable, probable. Et surtout pas impossible...