Le réveil sonna, me tirant d'un sommeil profond mais, encore fatigué de la soirée bien arrosée-trop arrosée- de la veille, je n'avais pas goût à me lever. La sonnerie se faisant de plus en plus forte et ne trouvant pas le bouton pour l'éteindre, je saisis la batte de base-ball qui reposait à côté de mon bureau et l'abattis sur l'objet qui m'insupportait tant. Cette fois plus un son n'en sortait, je lui avais bel et bien réglé son compte. Cette fois ce fut mon portable qui sonna, me rappelant qu'aujourd'hui c'était l'anniversaire de Jade. J'allais lui envoyer un message pour savoir si elle voulait qu'on se voit mais, il avait fallu que je foute mon crédit en l'air deux jours auparavant pour trouver un travail. Par chance, enfin peut-être pas, l'entretien avait lieu demain. Putain, j'allais encore devoir passer un mois à piocher sur l'héritage de mon défunt père, père que je n'avais malheureusement pas connu mais, malgré cela, il m'avait tout légué.

Ouais, ce n'était pas vraiment une chance que l'entretien ait lieu demain car puisque je n'arrivais pas à joindre Jade, j'irais la rejoindre chez elle ce soir afin de lui souhaiter un joyeux anniversaire. C'était maintenant une amie de longue date avec qui je m'entendais relativement bien alors pas question d'oublier son anniversaire, hors, connaissant nos habitudes, nous allions picoler comme des trous, bière, vodka, saké, whisky, tequila, absinthe, tous les alcools figuraient au programme. Oui bon, aujourd'hui j'allais acheter de l'alcool pour ce soir donc je n'irais pas en cours et demain, ce serait encore pire, ni cours ni entretien, je serai trop raide. Ah et puis, il allait falloir que je trouve à fumer aussi, histoire que la soirée soit à son comble. Un cadeau, il fallait que je trouve une idée originale! Wow, attendez ça va pas, là c'est huit heures du matin et vous voulez déjà que je réfléchisse? Vous voulez me griller tous les neurones qui restent? N'arrivant pas à réfléchir le ventre vide et ayant encore beaucoup de choses à faire avant de rejoindre mon amie, je me levai, allait jusqu'au placard, sortis un bol, un paquet de céréales puis, allant chercher du lait au frigo, je m'arrêtai pour prendre une cuillère dans le tiroir où elles étaient rangées. Une fois le bol plein, je le vidai, le posai dans l'évier et allai me caler derrière mon pc. Je me connectai à internet et lançai dans la recherche: "cadeaux d'anniversaire". J’atterrissais alors sur un site de cadeau avec des idées sympa mais qui n'étaient pas dans mes moyens. Fâché de ne rien trouver, je donnais un coup de pied dans la tour de l'ordinateur, ce qui le fit redémarrer. Oh fuck, pas le temps! Afin de ne pas avoir à l'éteindre, je le débranchais et retournais me coucher afin de trouver une idée. C'est alors que je vis ma guitare. EURÊKA! Je n'avais qu'à lui faire un concert privé, c'était ça la solution.

Après une bonne demie-heure à me motiver, je chargeai donc mon matos dans le coffre de ma voiture. Mon portable sonna au même moment, c'était un numéro inconnu. Par curiosité je répondis, c'était un gars de ma classe qui voulait prendre des nouvelles à cause de mon absence. Ah mais, c'était pas le moment de m'agacer! Hé gars, tu sais quoi pas envie de parler donc bah, je te raccroche au nez. Bon, t'es assez con pour rappeler mais pas moi pour décrocher. Je montai, mis le contact et pris le chemin du centre commercial. J'avais prévu assez pour acheter suffisamment d'alcool pour bourrer la gueule de cinq éléphants. Il fallait reconnaître que Jade et moi avions une bonne descente. C'était d'ailleurs l'abus d'alcool qui nous avait fait nous connaître. Dès lors, elle m'avait sorti de mon chagrin. Enfin, c'était son anniversaire alors ce n'était pas le moment de penser à des trucs tristes.

J'arrivai au centre commercial et me garai. Je pris un cadis et rentrai dans l'édifice où je comptais le remplir de tout un tas d'alcools différents. Bien entendu, à cette heure de la journée il n'y aurait pas dû y avoir de monde mais, avec ma chance habituel le magasin était bondé, en plus il n'y avait que des vieux qui marchaient à deux à l'heure et me regardaient de travers. C'est là que je regrettais de ne pas avoir une immense crête rouge sur la tête car alors, il me suffirait de dire "Bouh!" et les vieux sortiraient du passage et en plus, ça collerait d'avantage à ma personnalité mais, puisque j'espérais trouver du boulot, je ne pouvais pas me permettre tant d'originalité, déjà que mes dreads étaient de trop. Décidément, ce monde n'était pas assez ouvert d'esprit et en plus, dès que l'alcool commencerait à remplir mon chariot, les gens allaient encore plus me dévisager. Maudite société où tout était formaté, et de plus en plus d'ailleurs. Il y avait même ce site qui essayait de former et détruire les couples, les gens y accordaient tellement d'importance que ça marchait. Pas question pour moi de me faire avoir à ce jeu là. Qu'ils essayent d'écrire mon nom pour voir! Dès lors, ils auraient la preuve que leur site est bidon, sauf si par le plus pur des hasards, ils me casaient avec une fille pour qui j'aurais déjà des sentiments. Enfin, ce n'était pas à moi de les prévenir qu'à trop jouer avec le feu on se brûlait mais, sans doute serais-je ce feu. Puisque le peuple n'était que moutons, il fallait bien qu'au milieu il y ait un loup, ce loup, ce serait moi.

Une fois les bouteilles chargées dans le cadis, je me dirigeais vers la caisse en évitant les vieux croûtons, me demandant même si certains n'allaient pas finir leur vie dans ce magasin. J'avoue que cette pensée n'était pas fort sympathique pour eux mais, lorsque j'étais agacé, je me montrais assez sadique sur les bords. En caisse, il y avait un vieil homme trop long à vider son chariot, voulant bien faire, je lui demandai:

"Je vous aide à vider votre cadis ou je commence à creuser votre tombe?"

Pour toute réponse, il se contenta de maugréer des paroles incompréhensibles et me repoussa avec son bras pour refuser mon aide. Tout vieux bougon qu'il était, je ne me laisserais pas faire ainsi. Je demandais alors au caissier où était le rayon jardinage. Le vieux, sans doute effrayé par ma question, me laissa passer et en cinq minutes, l'affaire était réglée. Je retournai alors à ma voiture où je stockai l'alcool puis, je passai un coup de fil.

Je devais désormais me rendre au vieil hangar désaffecté et être discret. Là-bas je ferais l'acquisition de quelques grammes de ganja, herbe qui serait sans doute écoulée dans la soirée. Je me rendis au lieu-dit en veillant à ma discrétion. Là, un type entièrement vêtu de noir vint me rejoindre et nous procédâmes à l'échange de bons procédés. Je repartis, veillant à être aussi discret qu'à l'allé et je pris le chemin de chez mon amie. Arrivé là-bas, comme elle n'était pas rentrée, je m'assis sur le palier de chez elle.

Alors que j'étais tranquillement assis devant chez Jade, quelqu'un me trébucha dessus. Dans mon état de loque, j'avais tout juste réagi et je demandai:

"Hein? Qu'est-ce qu'il se passe? Les extra-terrestres arrives? Ah Jade, c'est toi! Désolé, j'ai dû m'endormir. Aujourd'hui n'a pas été une journée facile. Joyeux anniversaire au fait!"

Mon amie tenait plusieurs sacs et en vue des bruit de chocs, je compris qu'elle aussi avait prévu de l'alcool. Je souris alors et j'allais ajouter qu'on s'était donné le mot mais, je gardais le silence un peu plus longtemps. Apparemment elle ne s'était pas attendue à me voir, tout comme on se s'était pas attendu à notre rencontre il y a plus d'un an maintenant. Nous étions tous les deux complètement bourrés, pas assez pour qu'il ne nous arrive de relation compliquée mais, suffisamment pour que nous ne nous rappelions pas à qui appartenait le nouveau numéro sur nos portables. Nous nous étions donc rappelés et les souvenirs étaient revenus, c'est ainsi que nous avions commencé à tisser des liens et finalement, nous sommes devenus de grands amis. Enfin fini l'évocation des souvenirs, ce soir c'était sa soirée et je comptais bien lui en faire profiter. J'avais monté quatre litres d'alcool mais, il restait le double de bouteilles dans ma voiture. Je dis alors:

"Si on meurt ce soir, ce ne sera pas de soif! Je crois que la soirée va être bien arrosée, j'ai même prévu trop d'alcool je crois, il en reste plein dans ma voiture."

Je n'eus pas fini ma phrase que Jade me traîna dans son appart par la ceinture. Ensuite, elle déposa les bouteilles sur le comptoir de sa cuisine. Ensuite, elle me dit qu'elle était contente de me voir, rien de surprenant puisqu'elle était seule ce soir. En plus, elle comme moi adorions passer des soirées ensemble. Je répondis alors:

"Ouais, moi aussi ça me fait plaisir! Je n'allais pas te laisser seule pour ton anniversaire. Et tu sais quoi? Je n'ai pas seulement amené à boire. Y a ma guitare dans ma voiture et j'ai un autre truc dans ma poche aussi."

Sans donner plus de détail, j'affichais un large sourire malicieux qui avait dû laisser comprendre de quoi je parlais à mon amie. Jade allait sans doute être contente, la soirée promettait de ne pas finir de si tôt, en fait, elle ne finirait sans doute pas vraiment mais, nous finirions encore une fois par nous étaler complètement raides. Ici ou ailleurs, tout dépendrait de ce qui nous passerait par la tête car avec tout l'alcool que nous allions ingurgité, même un potentiel Dieu n'aurait pas pu savoir ce qui allait nous passer par la tête.

Puis, après avoir allumé sa clope, Jade m'ébouriffa amicalement et elle me dit que ses vingt et un ans allaient s'arroser. Venant d'elle je n'en aurais pas attendu moins mais bon, ça faisait plaisir de l'entendre. Je lui répondis aussitôt en riant:

"Et comment! Je n'en attendais pas moins de toi et le contraire m'aurait étonné!"

Là, Jade servit deux verre et elle m'en tendit un. Je n'avais pas vu la bouteille mais, à l'odeur et à la couleur, je reconnu qu'il s'agissait du scotch. Je levai alors mon verre puis, je dis:

"Aujourd'hui c'est à la tienne que nous buvons! J'espère que ma surprise te plaira!"